Résumé du séjour en Andalousie

Jardin de l'Alambra

Apres une semaine de séjour en plein cœur d’« Al Andalûs » il est temps pour nous de vous faire partager ce moment chargé d’histoire, de rencontres et de découvertes.

De nombreuses raisons nous ont poussées à organiser ce voyage. Parmi elles, le fait qu’un tiers du Coran soit composé de récits relatifs aux peuples qui nous ont précédé. Les récits de l’histoire de ces peuples permet de prévenir la répétition des erreurs du passé.

Comme première destination, notre choix s’est porté sur « Al Andalûs » et la découverte de son histoire qui correspond aux deux tiers de l’histoire islamique globale.

Lieu de naissance de l’imam Chatiby, Al Andalûs a vu naître de grands personnages qui, dans leur volonté de toujours satisfaire le Très-Haut, ne limitaient pas leurs efforts et visaient l’excellence dans tous les domaines. Ce voyage fut l’occasion d’aller à la rencontre de cet immense héritage laissé par ces nobles musulmans, que ce soit à Cordoue ou Grenade, d’aller à la rencontre de la population musulmane locale très active d’aujourd’hui, (ces derniers ont, à titre, d’exemple frappé leur propre monnaie, le dinar d’or et dirham d’argent), de visiter des mielleries, des ateliers de confection du savon, d’huile d’olive, et de séjourner dans le grand centre islamique espagnol, la Alqueria de Rosales.

Au cours des visites que nous avons pu effectuer à Cordoue et à Grenade, nous avons été surpris de découvrir l’apport des musulmans à la civilisation du monde occidental et aux sciences modernes. Les musulmans d’Al Andalûs étaient par exemple, à la pointe en mathématiques, en médecine, en philosophie, en sciences sociales, en géographie, en matière de valeurs morales, d’éducation (hygiène, habillement, courtoisie, etc…).
Ils ont été à l’origine de nombreuses découvertes dans le domaine de l’astronomie, la médecine, la marine, les mathématiques. De manière non exhaustive, les musulmans ont été à l’origine d’inventions comme le cristal, le sirop, l’eau de javel, le sucre en morceaux, les jeux d’échec, les sorbets…
Toutes ces avancées contribuèrent à éduquer et instruire le peuple occidental pour finalement le propulser vers le foisonnement intellectuel et scientifique, incarné par la Renaissance. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard que la Renaissance européenne soit intervenue immédiatement après la chute d’Al Andalûs,en reprenant la majeure partie de son héritage.

Puis nous avons abordé ce passage douloureux de l’Histoire du peuple morisque et de l’Inquisition espagnole.
Après avoir peu à peu délaissé les préceptes d’Allah, et cela doit-être une leçon pour nous autres, les musulmans, restés en Espagne après la conquête chrétienne ont fait face à de terribles violences et humiliations physiques et morales orchestrées par l’inquisition catholique : interdiction du niqab, puis du voile, de la langue arabe, des prénoms arabes, de la circoncision, de l’abattage rituel, transformation de toutes les mosquées en églises (alors que les musulmans à leur arrivée avaient laissé un espace aux chrétiens et juifs pour prier) ainsi que de tout symbole islamique. S’ensuit une politique de déculturation des musulmans d’Espagne. Mais ceux qu’on appelle « les morisques» bien que convertis (de force) en apparence au catholicisme, développèrent des stratégies de contre-acculturation à la mesure de la pression chrétienne.

Inévitablement, un rapprochement avec la situation actuelle des musulmans s’est imposé à nous.
Cette tragédie historique a immédiatement fait écho aux interdictions progressives à l’encontre des musulmans de France de la part de nos politiques, et ce matraquage médiatique (que l’on nommait polémistes à cette période) voulant faire de l’islam une menace et les musulmans des êtres dangereux devant abandonner leur religion pour s’intégrer.
Ce n’est finalement qu’une répétition de l’Histoire, les mêmes stratagèmes, les mêmes mots sont employés aujourd’hui.
On parlait déjà à l’époque de « cinquième colonne », de polygamie, du mariage du Prophète (pbsl) avec Aicha (r) pour dénigrer les morisques.

Au niveau historique, on remarque aisément que tout processus génocidaire commence toujours par la déshumanisation d’une certaine catégorie de personnes et d’un principe autour duquel les gens se cristallisent.

En France, en 2015, nous avons cette déshumanisation (on entend encore aujourd’hui des « ils se multiplient comme des rats », « ce sont des êtres cruels »…) et un principe, « la laïcité », qui cristallise toutes les passions.

Aujourd’hui, plus que jamais, il est de notre devoir de nous réapproprier notre histoire pour tirer les leçons du passé mais aussi pour permettre à notre jeunesse d’être décomplexée et de retrouver son « estime de soi », celle d’être musulman.
Cette histoire n’est malheureusement pas dans les livres de l’Education Nationale. Saviez-vous par exemple que la première déportation de l’Histoire a été faite par des chrétiens à l’encontre de musulmans, lorsque Philippe III déclara les morisques inassimilables et les déporta vers l’Afrique du nord?
Il nous appartient donc aujourd’hui d’intervenir favorablement pour changer le cours des choses, par la recherche de la science, le dialogue, le bon comportement, et surtout par l’action bénéfique.

« Et tout ce que vous faites de bien, Allah en est certes Connaisseur. » Les Femmes, v.127.

P.S: Si on nous questionnait sur le temps fort de notre séjour, nous répondrions certainement qu’il s’agit de la merveilleuse conversion de notre chauffeur Mario, qui nous a accompagné durant une semaine. Un homme venu chrétien et revenu musulman.